Ce que l’homme fait, ce que l’homme peut, chacun tissé de ses milles vœux, de ses pensées brodées par les êtres rencontrés, par les histoires du passé.
Ce tumulte qui balaie les esprits, et qu’aujourd’hui, partout, il nous faudrait dompter. Et ce, dès la maternité. Aux mères alanguies, de tendresse et d’épuisement, on leur soumet mille jugements. Elles qui ont pris dans leurs bras ce qui d’elles venait vivant, instinctivement, elles qui des cris et des larmes de leurs enfants ont le cœur tremblant, voilà qu’il leur faudrait évacuer tout tourment.
Comment ? S’agit-il de s’aseptiser pour le bien-être du nouveau-né ? N’est-il pas lui, le premier, à nous montrer combien nous sommes par nos besoins déterminés ? Plutôt que de suivre une mode, celle qui rend incommode les profondeurs, celles qui par prudence, et par peur, évacue le meilleur, je préfère regarder l’intensité des bébés. Venir au monde est bonheur, venir au monde est douleur. Regardons donc, réellement, leur étonnement. Cette lumière, cette chaleur, et puis ce monde qui du dehors menace ou étreint, tout ce qui pour nous n’est que quotidien, frôle leur sens avec tant de puissance.
Epousant notre monde avec fidélité, leurs cris, et bientôt leurs sourires, sont ceux que j’admire. Epuisants toutefois, lorsqu’aucune réponse de moi ne parvient à adoucir ce qui les fait tant souffrir. Et voilà que leur respiration lentement s’apaise au gré de la consolation.
Comme nous. Voilà ce que j’apprends, lorsque je regarde nos enfants.
Nous feignons la grandeur, mais nous avons – assurément – le même cœur.
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