Aurions-nous dû ne jamais lever la tête ? En ouvrant nos coeurs, nous voilà presque gisantes sur le mur de notre condition, fragilisées par le sursaut de la réalité en nos âmes si peu rationnelles, entièrement vouées qu’elles étaient à l’union. En défaisant nos fidélités avant qu’il ne soit trop tard, avant que la vieillesse fasse de nous des femmes passées, nous nous sommes révélées plus détestables que jamais.
Décuplées, défaites par cet assaut de justice, nous voilà vengeant nos mères et protégeant nos filles. Et moi, dans tout cela, et moi, et mon âme si peu dressée pour la lutte,
façonnée par une éducation vouée à prendre soin, ai-je le choix, moi ?
Non, bien sûr que non, je suis placée au milieu d’un monde dont rien, jusqu’ici, n’est venu soigner la part en soi meurtrie. Il nous aurait fallu quelques voix, quelques forces, les leurs, peut-être, nous murmurant avec intensité que nous avions le droit de témoigner, et joignant leurs mots aux nôtres, ils se seraient fait hommes, ils se seraient fait autres.
Que vienne la douceur de nos combats, et non l’acharnement d’un soi contre soi. S'emmêler, avec force, mais liés. Comme à chacun de mes pas, lorsque, dansant, je sentais l'effort en moi monter, mon coeur battre et cogner. Et sous l’éclat de ma volonté, le geste se faisait, et la douleur fut justifiée.
Pour la beauté.
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