Dans le difficile qui-vive à maintenir face à l’évidence du manque de com-passion à l’œuvre dans les interstices de nos existences,
dans ce difficile qui-vive là, qui nous rend aussi vulnérables qu’une pousse qui voit sur elle la menace de l’écrasement, et qui sous l’effet de l’ombre projetée par le sabot aveugle tente de se tenir plus forte que jamais,
vibrante,
prête à se relever maladroitement de toute atteinte,
quitte à sembler idiote ou folle, là,
fragile et obstinée,
nous avons chacun le droit à une possibilité d’être qui puisse nous faire bifurquer des desseins en exponentielles de l'ineptie.
Nous en sommes là, à cette nécessité première là, avant toute autre: bifurquer.
Tenter de se défaire, tant que cela se peut, des ramifications qui nous enserrent et nous empêchent de nous abreuver à la brutale douceur,
celle qui doit son existence même
à l'absence de triche
sous quelque forme qu'elle soit.
Une possibilité d’être presqu'
effrontée
qui refait la place belle à ce que partout nous voyons combattu : l’immense des sensations. Jamais élucidé. Toujours à déc-ouvrir, à penser, à vivre. Que ceux qui, soudés par les besoins de la technocratie qui ne dit plus son nom, rassurés par l'absence de vagues, n’entendent plus, ne voient plus dans les élans sincères de l’émotion, que des débordements à cadenasser, à éviter ou à combattre, restent donc entre eux.
Grâce de la désinvolture.
Ne pas faire partie de celles et ceux qui gagnent. Ne pas faire partie de celles et ceux qui veulent gagner.
Et devant nous, la recherche de l'ouvert,
une joie,
une peine,
elles,
sincères.
image: Anna Karina, dans Alphaville, de Jean-Luc Godard, 1965
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