La Chute.
Non.
Non.
Non!
Mais non!
Non.
Hier, en arrivant à la crèche - une maison qu'on dirait de campagne, aux abords d'une zone anciennement industrielle de Bruxelles - de ma fille, qui a quatre mois, un petit, mignon, me fait signe de la main. De la fenêtre, il sourit, heureux de pouvoir accueillir une hôte qu'il ne connait pas.
Mon premier réflexe de maman, était: attention, trésor, attention. Je me tenais prête à courir pour rattraper l'enfant, au cas où. Toujours, au cas où. Avec les petits, ainsi, on ne sait pas, jamais. On a peur, tout le temps. Peur du drame. Déjà arrivé, à certains parents.
Enfants, merveilles, je ne pourrais pas le supporter.
Alors, biensûr, dans mes pensées, je me suis demandé: devrait-on mettre des grilles? Pour ces tout-petits? Et puis
et puis
non.
Quel enfant, nous l'avons été, nous pouvons nous en rappeler, quel enfant s'amuserait à sauter par la fenêtre
ouverte?
Quel enfant ferait ça, sachant,
qu'en bas
le sol est de gravier,
son corps ne pourrait y résister.
Alors, je suis montée, j'ai balayé l'image, j'ai gardé en mémoire,
le sourire,
de cet enfant
libre.
Qu'on ne prive pas, à cause de nos peurs à nous, de s'approcher de la fenêtre, et nous saluer de tout son être.
En haut des escaliers, j'ai retrouvé ma douce, mon trésor, je l'ai collée contre mon corps.
Respirer, son odeur, ses cheveux,
sentir l'innocence,
l'adorer.
Et puis, je suis repartie, avec elle, en landau.
Et sur le chemin du retour,
semé d'un nombre incalculable de
risques,
j'ai repensé à la fenêtre.
Cette fenêtre, malgré tout,
me fait
peur.
Le risque. Partout, tout le temps,
et cela qu'on soit adulte, ou enfant.
Ce matin, j'apprends,
la Chute.
Accidentellement.
De Philippe Cerboneschi. De Cassius.
Mort, à cinquante ans.
Je le vois, s'épanchant
et je vois aussi,
ce tout-petit,
et je me dis,
la Vie.
Le prix à payer,
et on le sait,
le prix à payer,
est
la mort.
Tristesse.
Et
RIP.
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