Et peut-être vous aussi,
jeunes parents, lorsque vous étiez assis
presque tranquillement
dans un restaurant,
avez-vous vécu,
avez-vous senti,
l'autre qui vous regardait de front
et dont,
sans en savoir la raison,
vous auriez préféré
vous
distancer.
Vous êtes là avec bébé,
qui s'est mis à pleurer,
face à un homme déjà âgé.
Celui-ci vous regarde dérangé,
il vous offre un regard prêt à juger.
Aucun sourire sur son visage ne vient l'illuminer
et,
lors même que se dandine sur vos genoux
votre enfant adoré,
l'autre,
dans
sa
barbe
- longue! quel est donc son ambition?
Paraître sage comme Platon? -
se met à marmonner.
Bon,
dans l'agitation,
vous tentez de calmer toute anxiété,
mais,
ceux qui l'ont déjà expérimenté savent - Oh combien! -
votre petit n'en veut rien.
Il s'agite, il est frustré,
et vous vous en inquiétez
légèrement,
enfin, pas comme avant,
où le moindre gémissement,
vous semblait alarmant.
Alors, l'enrobant,
vous lui parlez en chuchotant,
"Papa arrive, on va changer ton pampy mon enfant".
Et l'autre, dans sa barbe,
l'autre qui vous regarde sans sourire,
articule ceci,
se pensant, lui,
des mieux avertis:
"Attention, vous lui mettez vos cheveux dans les yeux".
Il a dit ça, l'abruti,
avec sa barbe tout en gris,
une phrase sans empathie.
Aussitôt elle ne pleurait plus ma fille,
et le regardait d'un air ahuri.
Moi, sa mère, empreinte de sauvagerie,
- comme toutes les mères -
je répondis
"Je crois que ça va".
Et senti en mon âme, en moi,
une haine envers cet homme qui, encore une fois,
me regardait sans sourire.
Il avait juste besoin de la placer,
pour ainsi une mère défier.
La barbe, vieux monsieur,
la barbe,
de votre façon de vous croire mieux.
La barbe.
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