Paisiblement allongée sur ce tapis à demi troué,
trainé depuis de longues années
de
bitumes glacés en parquets cirés,
et d'herbe mouillée en vinyles mouchetés,
les muscles malaxés,
le souffle apaisé,
en Shavasana la session de yoga va se
terminer.
Calme, relaxation,
et je m'y demande "à quoi bon?".
C'est vrai, me dis-je,
esprit tourmenté,
à quoi bon tant penser!
N'est-on pas ici tous amis,
les uns et les autres côte à côte en transpi?
N'est-on pas ici tous lovely,
grands, minces, gros et petits?
Alors, d'accord,
je me laisse transporter par l'accord
d'une voix lasse et grave
qui propose à nos bodys
de se détendre en Hindi.
Et puis
non
qu'est-ce que tu dis,
s'il te plait pas ça!
Voilà.
Fichu, fini,
moi qui allait me détendre,
qui m'apprêtais à nous voir tous ici comme des tendres,
écoutant l'univers au travers
de nos souffles divins,
et ben
et ben
c'est pas malin,
c'est tout gâché.
T'aurais dû t'arrêter de parler,
professeur de yoga à l'accent Hollandais,
teacher
and unconditional love giver.
Qu'est-ce que tu dis?
Qu'il ne faut pas écouter nos esprits?
Que The Truth est dans l'expi?
Attends.
Qu'est-ce que tu dis?
Be curious to feel and to experience the answer or at least the feeling or the sensation the question brings up. There is no answer from the mind, the truth is an experience.
Oupsi.
Finalement,
je préfère joindre ma tête à mes pieds,
sans m'arrêter de penser.
C'est toi aussi,
qui me voyant arriver avec un petit bouquin,
avec des mots et des phrases écrits dedans,
écrits noir sur blanc,
ni images de corps, ni soleil levant,
ni jus verts et ni paille en rose doré-argent,
bref,
me voyant arriver avec mon petit bouquin de Dostoievsky
tu m'avais dit
"Ouuuuuh scary".
Hum. Moui.
Relax your jaw. Deeply.
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