Que nous racontent au fond ces petites exhaltations, celles acclamées, celles validées, sur facebook et autre réseaux ?
Lui et elle, elle et lui, autrefois amis fidèles. Une amitié, une sincérité, avec tout ce qu’elle comporte de vulnérabilité, éclats et joies. Préférant aujourd'hui se protéger de l'honnêteté.
Peut-être est-ce l’époque de l’optimisme ingrat qui veut cela, feindre le bonheur. Chasser ce qui la nuit nous renvoie à notre condition, si petite, si fragile. Voir ainsi préférer les uns et les autres poster leurs réussites, créer leur miroir en prime-time, aux beaux écrans d’un compagnonnage considéré comme fidèle. Je suis là, là, là. Je me sens ainsi et comme ça. Et tout cela, omettant le fond de vérité, celle de la réalité.
Beau reflet de nos névroses qui cherchent une issue électronique récoltant ça et là des cœurs, des pouces en l’air et des commentaires.
Grande imposture qu’on ne peut même plus combattre. Elle est partout, baignant nos âmes dans un magma qui confond art et créativité, amour et amour-propre, sagesse et développement personnel. Un bouclier narcissique pour chacun. L’ironie du sort étant que, le plus souvent, ce sont les annonces à caractère spirituels, ornés de petites mains en prières et d’anges au sourire mièvre, qui rencontrent le plus vif succès. Une spiritualité qui n’en a que l’apparence, vidée du fond de sa substance. Une spiritualité néolibérale , c'est-à-dire qui de vous vous éloigne. L'idée se prétend saine. Mais quelque chose ne passe pas. Est-ce vraiment la vie, cela? En apparence: des gens coachés, prêts à s'adapter. Et puis, là, entre vous et moi: des êtres déboussolés, prêts à tout avaler.
J’envie parfois les générations passées, dépourvues de ce dédoublement stérile.
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