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Photo du rédacteurNaomi Monson

Comme qui, comme quoi

Je me rappelle de


quand je servais des cafés,

quand j'étais à l'accueil et au vestiaire aussi,

et ceci pendant quelques années,

à Paris, à Bruxelles, dans les théâtres, les restaurants et même

des

entreprises.


J'ai servi longtemps,

et,

à mieux y penser,

on y apprend

on y apprend les gens.


On se dit cela par après,

quand

notre carrière

de

serveuse

se met à l'arrêt.


Directement,

sur la façon que celle-ci ou celui-là

avait de s'adresser à moi,

pour le ou la servir,

avec ou sans sourire,

je pouvais sentir et ressentir

qui

elle ou il

était.


Pas tout, pas tout, biensûr,

mais là sous leur armure,

à la manière de regarder,

à la manière de vous parler,

vous y déceliez

tant.


Et généralement,

de mon statut

je comprenais intrinsèquement

les rapports humains,

les expérimentant sur le terrain.


Je savais, à leur façon de dire "un café!" ou

"pourrais-tu, pourriez-vous, me faire un café?",

ou "nous voulons bien un café, merci",

je savais à leur manière de réceptionner celui-ci,

avec sympathie,

avec ennui,

avec reconnaissance,

je savais

au fond

à qui

j'avais affaire.


J'ai vu beaucoup.

Et je me rappelle de ceux et celles

que j'ai aimé

à leur façon de me demander

un

café.


L'élégance des gens,

lorsqu'ils s'adressent à moins visible qu'eux,

la beauté dans les yeux,

je les ai aimés ceux-là.


Et je me rappelle aussi de ceux

qui préféraient

me voir comme

comme


comme qui

comme quoi


au fond

je ne sais pas,

ce qu'ils ont pensé de moi.


Je me souviens,

de certains,

de certaines,

qui m'ont dit "pour qui

pour qui

tu te prends!".

Dans des contextes différents,

tantôt derrière un bar, tantôt derrière

un portique de vestiaire,

ou simplement,

assise en patientant.


Ils ont dit ça,

parce que

je ne me pliais pas à leur loi,

lorsqu'elle m'était adressée

d'une manière

qui voulait me faire taire.


Et l'évènement se répétant

j'ai compris

mieux

qui

j'étais.

Et l'effet que ça leur fait.


C'est venu tout doucement,

cette compréhension-là,

celle qui m'a fait souffrir des fois.


"Ne vous avisez pas

de dire

non, je ne veux pas."


Et moi, et moi, ça,

ah,

je ne peux pas.

Moi aussi, je dis non,

des fois

quand elle est injuste leur voix.


Pour qui tu te prends?

Voilà ce qu'encore aujourd'hui de moi j'entends.

Et moi, au dedans,

je leur retourne la question:

"Qui pensez-vous que nous étions

pour ne jamais oser dire


non?"















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