Déverser toute notre impuissance et notre lâcheté,
battre au rythme de ce qui ne se dit pas et oser en faire son obsession.
Ne pas s'engager
dans le jeu des gagnants et des vaincus.
Avoir l’indécence de penser qu’un mot peut changer le cours d’une existence.
Le voile qu’il nous faut, chacun, mettre, entre nous et la réalité,
choisir de le faire le moins opaque que possible,
pour que nous nous sentions moins seuls, je crois.
Caresser la vague,
se faire onde,
tourmentée et apaisée à la fois.
Porter et s'abandonner à son image,
dans le frémissement et la douceur de son déploiement.
Se faire pulsion,
s’approcher de ce qui nous consume,
tous.
Être effronté,
avoir ce qu’il faut d’impertinence pour ne pas laisser l’autre vous définir.
Envoyer valser dans le décors de son esprit ceux qui tentent de vous ravir à vous-mêmes.
Et qu’importe
la douleur,
ne pas en avoir peur,
la prendre, l’absorber, la mêler à son coeur,
qui n’en battra que plus fort.
Décider,
de ne plus
s’en plaindre,
tenter,
de ne plus s’en plaindre,
de cette humanité qui nous fait vomir.
Mais
la comprendre,
la prendre à bras le corps, la détester parfois,
tenter de préserver ce qu’elle nous a laissé de sublime,
lutter pour le sublime.
Et cracher le reste sans gémir.
Avec force.
Préférer la brûlure de la sincérité à la mièvrerie des lamentations.
Répondre.
Faire front à la facilité des discours.
Etendre l’empire des sensations,
désengorger le réel de son mensonge,
ramifier les discours des bourreaux et des victimes.
Chérir la densité de notre existence.
Faire irruption,
émietter le déshonneur,
dépouiller le bruit.
Se faire
obstacle
à la disparition
de
ce qui vaut d’être vécu.
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